dimanche 6 janvier 2013

La Petenera

Comme toute légende, la frontière entre vérité et douce invention est bien fine. Allons donc de notre couplet. Celle de «La Petenera» on l'attribue à une certaine Dolores originaire de la ville de Paterna de Rivera en Andalousie. L'histoire se déroulerait au début du 19ème siècle. La jeune fille incroyablement romantique rencontre un bellâtre avec qui elle pense passer le reste de sa vie. Une fois séduite et l'affaire conclue, l'amant s'en va vers de nouvelles conquêtes laissant notre Petenera dans un chagrin inconsolable. Dans sa détresse, elle décide alors de se venger à travers tous les hommes qu'elle rencontre. Séduits et abandonnés à leur tour, elle leur transmet une part de cette souffrance qui chez elle ne veut pas s'éteindre au point qu'elle en tire petit à petit une certaine jouissance. Jusqu'au jour où un des malheureux amants n'ayant pas apprécié sa façon de faire la poignarde, douze fois. La Petenera c'est une histoire de vengeance qui termine en bain de sang. Mais c'est surtout ce chant profond et mystérieux, issu du répertoire de «palo flamenco» (type de chants), incroyablement triste, qui met à nue l'âme damnée de notre allumeuse vengeresse. 


La Petenera, «cante de ida et vuela», signifiant «chant d'aller et retour» prendrait son origine comme un certain nombre de palo flamenco dans un échange entre l'Espagne et l'Amérique du Sud. Le melting-pot d'influences est tellement riche qu'il existe même des traces dans les chants des juifs séfarades. Mais attention, rien qu'évoquer La Petenera, dis-t'on, attirerait le mauvais oeil. Cependant, certains artistes passent outre la superstition et nous offrent de magnifiques interprétations. Laura Vital, fer de lance d'une nouvelle génération de «cantatores» sait éprouver le respect aux maîtres classiques tout en étant ouvertes au récentes influences. Sa voix remarquable et sa maîtrise en fait une bonne introduction pour apprécier la profondeur de ce chant mélancolique. Plus récemment, Pedro Soler, guitariste flamenco espagnol avec son fils Gaspar Claus propose une version instrumentale des plus passionnée. Le père gratte les cordes avec toutes les certitudes qu'apportent des décennies de pratique tandis que le fils violoncelliste, déchaîné, fait exprimer son instrument avec fougue. Pour finir avec un autre moyen d'expression, on jettera un oeil à la performance théâtralisée de la grande danseuse de flamenco Manuela Vargas.

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