mardi 10 décembre 2013

Femmes des années 70

Le 2 décembre dernier avait lieu un concert de l'artiste américaine folk Linda Perhacs. Une vieille dame à la voix si douce que ses chansons prêtent à une paisible rêverie. On était moins d'une centaine dans la salle pour l’acclamer. Rien d'exceptionnel en soi, mise à part que c'était la toute première fois qu'elle défendait devant un public quelques chansons de son album «Parallelograms». Qui date de 1970. Son album est à pleurer tellement il est beau et ce ne sont pas des artistes comme Sonic Youth, Devendra Banhart ou encore Daft Punk qui vont le contredire la citant comme référence voire même ayant collaborer avec elle. Ce qui en fait n'est le cas, que depuis tout récemment. Mystérieusement en 1970, la label qui l'a produite a juste sabordé la sortie de l'album. Pas de concert, pas de promo, un pressage vinyle moyen. C'est seulement 30 ans plus tard, en 2005, qu'un producteur la contacte pour lui proposer de rééditer son disque. Et oui, pendant ce temps là, une base conséquente d'admirateurs du disque s'était constituée grâce à la magie des internets. L'artiste accède à une reconnaissance inespérée, on parle même maintenant d'un second album. Son histoire est tout à fait étonnante quand on sait qu'elle a passé ces trois dernière décennies à poursuivre sa brillante carrière de dentiste! Étonnante, oui, mais son destin n'est pas unique. 


Trente ans que sont restées confinées, dans le grenier familial, les bandes d'enregistrements des chansons de l'allemande Sibylle Baier. Musicienne folk à ses heures perdues, après avoir enregistrée quelques titres entre 1970 et 1973, elle préfère finalement, occupation somme toute honorable, prendre soin de sa famille. C'est son fils trois décennies plus tard qui décidera de donner un second souffle au chant sensible de sa mère. Cela se traduira par la compilation «Colour Green» en 2006, disque à faire pâmer les anges, simple mais bouleversant. D'autres n'ont pas eu la chance de plaire du premier coup, c'est le cas de l'anglaise Vashti Bunyan qui, anéantie, préféra avorter prématurément sa carrière musicale en 1970 après l’échec commerciale de son premier disque «Just Another Diamond Day». Il aura fallu attendre les années 2000 pour qu'un réel revival de la musique folk se fasse sentir l'intronisant tardivement comme égérie d'un mouvement qui renaît de ses cendres! Quant à la France, on a Emmanuelle Parrenin qui vient de donner suite en 2011 à son premier album «Maison Rose» sortie en 1977. Sorcière folk aux multiples vies, partie en collectage de chansons traditionnelles dans une, recouvrant miraculeusement l'ouïe après un an de surdité dans une autre, Emmanuelle Parrenin, comme toutes ces femmes, témoigne qu'un épanouissement tardif est toujours possible, toujours aussi beau.

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