mercredi 29 avril 2015

SolangeBouffeTaCultureChallenge - Avril


1. Ori and the Blind Forest (Moon Studios, 2015)
Jeu de plateforme au gameplay correct sans être révolutionnaire, Ori est surtout très choupi. La direction artistique est vraiment soignée : c'est un réel plaisir que d'évoluer dans ces décors aux milles détails ou simplement de débloquer la prochaine cinématique. Passé le thème mélodique pseudo-poétique à vomir dans sa bouche tant il est récurent jusqu'à l'excès, on a un Super Meat Boy-like un peu RPG au challenge très honorable. Les phases de die and retry sont épiques et évidemment, par définition, totalement rageantes. Trailer


2. Catacombes (John Erick Dowdle, 2014)
Le cinéma d'épouvante-horreur, qu'on se le dise, bah c'est un peu Nanarland ! Mais on aura beau ergoter, si ta copine te perce le tympan ou te pète une côte en serrant trop fort sous le coup de la terreur, bah c'est que le contrat est rempli ! En termes de frissons, il y a bien The Descent (2005) tout à fait indétrônable dans le genre. Catacombes est de cette veine et il en reprend les codes jusqu'au plagiat. Claustrophobique en mode found footage, il se défend bien sans être la panacée. Le background sur la pierre philosophale et le monde de l'alchimie n'est pas désagréable non plus. Et ça fait peur. BA


3. Gitans - Le Pèlerinage des Saintes-Maries-de-la-Mer (Kkrist Mirror, 2009)
Témoignage graphique qui permet de toucher du bout des doigts la vie de ce peuple nomade durant les célébrations des Saintes-Maries-De-La-Mer. Le dessin à la précision photographique se veut brut comme un rêve monochrome dont on saisirait l'essence sans vraiment pouvoir le circonscrire de mots. Que ce soit à travers la Descente des Châsses, la procession de Sainte Sara (patronne des Gitans), l'arrivée des Saintes Maries, Gitans, est une invitation à palper la ferveur exceptionnelle de ces instants. Enfin, après le ressenti, Kkrist Mirror n'oublie pas son lecteur et le recadre avec des faits historiques clés. Avis


4. Yom et Wang Li - 11 avril @ Centre Musical Fleury Goutte D'or, Paris
Musique folklorique imaginaire qui créé la fusion pas si loufoque entre clarinette klezmer et guimbarde chinoise. C'est Yom qui parle, Wang Li se faisant plus discret. Présents pour défendre leur dernier effort Green Apocalypse (2012), ce show a pour objectif déclaré de nous faire régresser à notre état végétatif primaire ! (arbre, nénuphar, puis bambou en passant par le chou chinois). Cette métamorphose ne s'opère pas dans le silence de la fleur qui s'épanouie : c'est une explosion sonore, une envolée furieuse, qui laissent place à des éclosions spontanées dans tout l’assistance ! Plop, plop, plop ! Live


5. Mushishi : Saison 1 (2005) + Chroniques Speciales : Hihamukage (2014)
Difficile de trouver un animé qui sorte de l'ordinaire ne reprenant pas les thématiques mâchées et re-mâchées du support. Mushishi lui se distingue. Chaque épisode est une fable à part entière où cohabitent hommes, nature et «mushi». Ces derniers étant des créatures mystérieuses du domaine de l'invisible. Ni bonne ni mauvaise, elles se lient au destin des hommes qui parfois en pâtissent. La nature, elle, somptueuse, déborde du cadre dans des aquarelles richement composées. De par le côté surnaturel du récit, elle en devient aussi inquiétante. Mushishi, nous apprend à apprivoiser cette force muette qui change le cours voire brise l'existence de tout un chacun. Pause-Manga


6. Germinal (Emile Zola, 1885)
Dans le malheur, quoi de mieux qu'encore plus de malheur ! C'est donc le gros bloc de houille de Zola qui accompagnera mon premier mois de convalescence. Descente vers plus d'enfer, ce docu-fiction nous prend au ventre et nous fait partager la misère crasse du Saint Coron. Face à la résignation séculaire du mineur, Etienne Lantier se lève entre tous et monte les camarades contre le Capital. Bas les injustices, la bourgeoisie doit saigner. Germinal peint avec du sang et de la terre la fatalité qui frappe ses pauvres hommes jusqu'à l'horreur la plus totale. Bon, bon, je vais pouvoir me remettre à lire des livres sur les robots et la conquête de l'univers maintenant. Avis


7. Metamorphabet (Vectorpark, 2015)
Patrick Smith, fondateur du studio Vectorpark, revient avec un tout nouveau mini-jeu déjà primé à l'IGF 2015. Destiné en toute théorie aux plus petits, Metamorphabet est un abécédaire des plus singuliers. Chaque lettre vient titiller notre imaginaire en se mettant en scène de façon surréaliste. Aucun challenge que l’émerveillement de découvrir l'univers de la lettre suivante. On regrettera quand même les excellents Windosill et Feed The Head qui se voulaient plus aventureux. Le travail de l'artiste est à découvrir le 27 mai prochain à la Gaité LyriqueTrailer


8. World of Tomorrow (Don Hertzfeldt, 2015)
Don Hertzfeldt ne sait pas faire grand chose dans la vie mais ce qu'il fait, il le fait bien. 20 ans qu'il n'emploie que stylo, papier, film 35mm, des cailloux et du feu : World of Tomorrow, c'était maintenant ou jamais pour s'essayer à la technologie, comprendre à la palette graphique. Peut-importe le medium, après le chef d'oeuvre It's Such a Beautiful Day (2012), Don rempile avec un court qui frise le génie ; qu'on adhère ou pas à sa vision déjantée du futur, c'est absurde, désabusé et tout simplement beau. Un concentré d'idées qui fuse dans 16 riches petites minutes ! Trailer


9. A Girl Walks Home Alone at Night (Ana Lily Amirpour, 2015)
Des zombies, on en a ras la cafetière. Maintenant, la vraie tendance qu'il faut suivre, ce sont les vampires ! Plus élitiste, le vampire donne matière à quelque chose de plus cérébré en s'aventurant loin des poncifs dans lequel le genre peut s'enfermer. La fresque velvetienne Only Lovers Left Alive (2014) est un bon exemple de cet affranchissement. A Girl Walks Home Alone at Night brouille encore plus les pistes en tâtant du western spaghetti punk rock californien. Le genre, bien sûr, se prêtant à la romance érotique stylisée donne de quoi savourer ce bel objet monochrome. Trailer



10. Saroos - Return (2013)
Le rock instrumental n'a d'intérêt que dans la puissance d'évocation qu'il suscite. C'est très subjectif tout ça mais en ce qui concerne ce troisième effort de Saroos, le pari est réussi. Non dans l’instantanéité, l'objet se laisse apprivoiser d'écoute en écoute de par la densité des arrangements. Hybride mécanique dont la partie organique a toujours la part belle, on a un krautrock mi-pop mi-éthéré mais toujours vivant ! Matière sonore aux multiples touches d'exotisme, entre rythme et contemplation, ça vaut la petite balade. Youtube

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