dimanche 10 avril 2016

SolangeBouffeTaCultureChallenge - 2016 - Trimestre 1 (1/2)



Jeux-vidéo

Her Story (Sam Barlow, 2015)
Je dois avouer que j'ai boudé le jeu en 2015, le concept derrière le gameplay ne m'inspirait que guère. Passés les préjugés, le jeu est en fait absolument addictif. Merci à un scénario suffisamment alambiqué amené de manière à ce que la curiosité et les spéculations l'emportent. Le gameplay se résume donc à une interface de base de donnée. Suivant les mots clés qu'on n'y renseignera, des vidéos au compte goutte sont retournées. Le joueur tente de démêler l'enquête policière au sujet de la disparition d'un homme, notre témoin est une mystérieuses femmes. Trailer

The Witness (Jonathan Blow, 2016)
Oui oui, The Witness m'aura apporté son lot de moments d'épiphanie. Mais tout comme son premier né Braid, il y a moment où point trop n'en faut. L'île est un délice à explorer, il y a la même quiétude quant à un Everybody gone to the rapture mais à ceci prêt que les insulaires seraient figés dans le béton. Je ne peux nier que le jeu offre un spectacle formidable et invite à l'introspection tant le propos porte à l'universalité. Mais bordel, 667 puzzles, à tracer des traits à n'en plus finir, y a de quoi devenir maboule. C'est tout à son honneur tant l'obsession qu'il créé arrive à nous habiter même après avoir joué. Trailer

Unravel (Coldwood Interactive, 2016)
Unravel est ce que l'on a fait de mieux à l'heure actuelle en terme de Limbo-like. Ce qui va m'obliger de parler à partir de maintenant de Unravel-like. Yarni, le personnage principal est attachant au possible. De sa nature intrinsèque (un pelote de laine), le jeu déploie un gameplay enrichi qui autorise des énigmes qui collent à son univers. Enfin et surtout, à travers les photos de famille que l'on découvre, le jeu a le mérite de dresser un portrait très humaniste, beau et universel sur la vie et le fil qu'elle suit. Les clins d'oeil à Journey (les deux derniers niveaux en l'occurence) sont appréciés. Trailer

Firewatch (Campo Santo, 2016)
Premier né du Studio Campo Santo, où l'on incarne un garde forestier dans un somptueux décor pastel qui va savoir pourquoi me fait penser à No Man Sky. Tout comme un Gone Home, le jeu nous porte à la diagonale de ce que le jeu veut bien nous faire penser. C'est assez linéaire, on a l'impression de faire une randonnée avec le nez collé toutes les 30s à VisioRando mais le dynamisme des dialogues radio fait qu'on ne s'ennuie jamais. Il y a un peu l'effet du tout ça pour ça, il en reste cependant un moment de jeu qui mérite d'exister. Trailer

Samorost 3 (Amanita Design, 2016)
Je les aime les tchèque de Amanita Design. Ils avaient soufflé en 2009 un vent de fraîcheur sur le point'n'click avec Machinarium. En 2012, c'est la consécration avec Botanicula qui nous fait entrevoir un après, une manière de sentir le jeu autrement. Aujourd'hui, ils reviennent avec leur première licence : Samorost Le résultat est de facture plus standard. Il n'empêche que c'est magnifique, organique comme en témoigne leur marque de fabrique, leurs tableaux grouillent de vie, de textures, de matières. Les énigmes sont toujours aussi sensitives en invoquant une logique autre. Le jeu est d'ailleurs plus ambitieux, le petit lutin de Samorost est, je l'affirme, le nouveau Petit Prince. Trailer


Cinéma

Trois souvenirs de ma jeunesse (Arnaud Desplechin, 2015)
Trois souvenirs de durée complètement asymétrique, on fait ce qu'on peut. C'est français, et il y a ce que j'aime dans ce cinéma français : le lyrisme des mots, la poésie des attitudes, la théâtralité de la vie. Le film canalise toutes les histoires d'amour vu et revu et entendu et les magnifie dans une romance à laquelle on a envie de se prêter. Le casting est ouf, j'ai même envie de voir Quentin Dolmaire comme le Antoine Doinel qu'il est, attachant et fou. Ce film est authentique, passionné, et ambitieux sans tomber dans la lourdeur. BA

Le garçon et la bête (Mamoru Hosoda, 2016)
Vu dans le cadre d'une avant-première dans la salle de projection privée Pathée avec des fauteuils qui tournent sur eux-mêmes, merci SensCritique ! Quel régal de retrouver le réalisateur de La Traversée du Temps, Summer Wars ou encore Les Enfants Loups. On va pas le cacher, à chaque fois le divertissement est ambitieux et à la hauteur pour rivaliser avec ce que l'on pourrait attendre d'un autre studio bien connu. Il n'empêche les films de Mamoru Hosoda sont intelligents de part les enjeux sociétaux qu'il portent mais restent fou-fou, extraordinaires, euphoriques. BA

Notre petite soeur (Hirokazu Kore-eda, 2015)
A croire que I Wish (2012) a été un coup de génie non reproduisible. Il y avait cet élan spontanée, cette générosité désarmante qui élève à un autre niveau le sensible en chacun de nous. Tel Père, tel fils (2013) et enfin Notre petite soeur ne sont pas mauvais, ils sont simplement mignon. Ca invoque l'or d'une une enfance paisible, l'unisson d'une famille qui se porte les uns les autres, les tracas ne sont jamais graves. On a donc un petit Kore-eda qui ne sort pas des sentiers battus, nous fait quelque peut chavirer mais à quoi bon quand on sait qu'il peut nous secouer aux larmes. BA


Livres

Un an dans la vie d'une forêt (D.g. Haskell, 2014)
L'essai est singulier de part l'expérience que propose l'auteur : relater pendant un an les changements qui s'opèrent dans le mandala, un mètre carré de forêt qu'il a circonscrit pour l'étudier. C'est surtout une opportunité pour l'auteur de nous partager son savoir universitaire. Ça fourmille d'anecdotes qui prêtent à sourire tant elle remettent en perspective notre place sur Terre en tant qu'être humain. Ca m'est malheureusement apparu un peu redondant vers la fin (suite à la lecture d'un Jared Diamond) mais peut-être que c'est ce genre de livre qui mérite d'être lu doucement avec la zénitude qu'il inspire. Babelio

Boussole (Mathias Enard, 2015)
L'auteur ne nous ménage pas ; qui n'a pas un minimum de bagage sur l'orientalisme va s'en prendre pleins la gueule. On peut discuter cent sept ans sur la pédanterie de l'auteur, je prends cet ouvrage comme une invitation, non pas à du tourisme en dilettante, mais à un voyage qui nous transforme et nous fait toucher de près la vie d'un certain érudisme universitaire. L'Orient, l'orient par l'occident, l'orient de l'orient : de quoi y plonger à corps perdu, se rapprocher du fantasme, faire le pont entre les influences. Un livre qui se veut indispensable pour témoigner des bouleversements actuels. Babelio

Les falsificateurs, Les éclaireurs, Les Producteurs (Antoine Bello, 2008-15)
Trilogie jouissive de part l’imagination débridée que déploie Antoine Bello. Le CFR (Consortium de Falsification du Réel) est une organisation qui a la motivation occulte d’altérer des faits du réels. Un peu à la manière d'un récit initiatique, Sliv Dartunghuver fait carrière et découvre petit à petit les rouages du groupe pour lequel il ignore le dessein réel. Meilleur scénariste que falsificateur, c'est dans cette première discipline qu'il va nous éblouir, dans un exercice ludique, grâce sa capacité à fabuler sur des faits historiques pourtant bien connus. L'Homme ne serait rien sans ses histoires. Babelio

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