jeudi 22 septembre 2016

SolangeBouffeTaCultureChallenge - 2016 - Trimestre 3 (2/2)


Jeux-vidéos

Inside (PlayDead, 2016)
Je dois avouer que j'ai mésestimé le nouveau jeu du studio PlayDead sans même y avoir joué. Sans doute pour le déjà-vu qu'il m'inspire avec Limbo. Il n'empêche que ça marche et même très bien. Tout autant sibyllin et prêtant à conjecture dans tous les sens que son prédécesseur, Inside est une fuite en avant avec une empreinte forte et dérangeante. Ça attend son sommet dans les derniers tableaux dans un wtf total qui m'a laissé ahuri comme jamais. Final culte à rapprocher de celui de Shadow Of The Colossus où le joueur prisonnier est soumis à des émotions des plus contradictoires. Trailer

Abzû (Giant Squid, 2016)
Je n'étais pas le seul à voir dans Abzû un successeur aquatique à Journey. Tant pis, tant mieux, mais Journey restera cette expérience de plénitude indétrônable. Abzû a malheureusement une progression trop cyclique, quelques bonnes idées qui sont recyclées pour tenir la longueur. Le voyage manque de cohérence. Il en reste pas moins une direction artistique à couper le souffle. A l'instar de son aîné, le joueur y est aussi maintenu tête dans l'eau dans un tohu-bohu bariolé, une débâcle grouillante. Et il y a ces moments d'apothéoses qui nous font frôler le syndrome océanique. Trailer

ADR1FT (Three One Zero, 2016)
Ce jeu est du gâchis. Je pensais vivre une expérience à l'image de celle que m'avait fait vivre le blockbuster Gravity (malgré les sous-titres en néerlandais). On retrouve bien sûr l'épave à la dérive dans laquelle on évolue, flottant entre les nombreux débris contondants, oppressé par l'inquiétant vide intersidéral dans lequel on doit s'élancer parfois. Tout est là pour une aventure immersive où l'urgence de la survie nous galvanise. Mais il en est rien, 10min de prise en main et on comprend qu'il y a rien à craindre de ce floating simulator. C'est parti pour de la maintenance répétitive de l'entièreté de la station pour pouvoir enfin s'échapper via la capsule de sauvetage (ce qui est très con-con). Trailer

No Man Sky (Hello Games, 2016)
Même s'il en est diamétralement opposé, j'aurais pu écrire la même critique pour Pokemon Go. Le jeu a une telle dimension masochiste que ça en est maladif. La phase de lune de miel éclipsée, on tombe dans une routine de galérien, parfois quelques illuminations viennent te rappeler pourquoi tu joues. Ressources extraterrestre ou pokébonbon, on tombe dans le piège cookie clicker : collecter pour collecter plus. Les deux jeux ont un potentiel énorme, ils leur manquent une direction. Dur de se contenter d'objectifs autoproclamés ; même si, pour preuve, certains ont bien été capable de jouer les 50h du Moutain de David O'Reilly ! Trailer



Lecture

La Bête des Saints-Innocents (Jean d'Aillon, 2014)
La dernière fois que j'ai consulté de manière autant répété un dictionnaire, c'était pour le huitième volet de la saga Harry Potter en anglais. Sauf que là, c'est du français. Dans ce tome du cycle consacré aux aventures de Olivier Hauteville, on prend part au siège de Paris par le porc béarnais. L'hérétique est venu reprendre ses droits sur la ville des mains des ultra-catholiques ligueurs. La famine règne dans la capitale et des corps exsangues sont retrouvés : le bruit court qu'Henri IV y aurait lâché un loup-garou. Encore un coup du huguenot ! Babelio

Le Medianoche Amoureux (Michel Tournier, 1991)
C'est l'ouvrage qui m'a introduit à l'auteur. Dès les premiers mots, j'étais séduit par le raffinement des tournures, la beauté des concepts manipulés, les réflexions jetées en pâture au lecteur. Nouvelles et contes se succèdent pendant cette nuit de banquet, Cène de la mer, où un couple repousse aux premières lueurs du jour, l'instant de statuer sur leur séparation. Michel Tournier par ces histoires courtes, simples et plaisantes, sait amener le petit rien qui leur donne ce caractère unique. Après avoir lu Le Medianoche Amoureux quoi de plus normal que de rester attaché à l'être aimé. Babelio

Le Roi des Aulnes (Michel Tournier, 1970)
Seconde rencontre avec Michel Tournier pour un ouvrage beaucoup plus érudit que ce que j'ai découvert avec ses nouvelles. Abel Tiffauges qui se laisse vivre, traverse le pensionnat comme la seconde guerre mondiale, mû par un destin qu'il croit extra-ordinaire, porté par des pulsions qu'il s'approprie. A la fois dérangeant et attendrissant, Abel est un ogre : il aime la chair fraîche, l'odeur des enfants et voue un culte divin à l'acte de la phorie qui atteint sa plus grand latitude quand le cheval porte l'homme qui porte l'enfant. Le Roi des Aulnes est doux et attentionné, mais prendre garde, ses desseins ne sont pas les tiens. Babelio



Musique


Zammuto - Veryone EP (2016)
Je porte beaucoup d'espoir sur ce bonhomme (au point de stalker sa vie sur FB car oui c'est mon ami). Nick Zammuto vit dans le Vermont, dans un incroyable chalet qu'il a construit lui même et il est très cool. Mais c'est aussi un des binômes de The Books, le plus regretté groupe au monde. Veryone vient à point pour me conforter dans l'idée que le projet Zammuto se bonifie avec le temps s'aventurant dans des directions de plus en plus ludiques. Si je devais faire de la musique, je ferais celle à Zammuto : courageuse, sophistiqué et chatoyante. Ça présage en tout cas de bonnes choses pour le troisième album de cet homme qui est mon héros. Bandcamp

Boyarin - Boyarin (2016)
La pochette de l'album n'est pas sans rappeler celle de Pet Sounds du garçon plagiste Brian Wilson, voila qui nous met dans de bonnes dispositions. Baroque, foutraque, labyrinthique, les critiques web sont très lyriques quant à y apposer leur métaphore propre sur cet objet inclassable. Bah moi, ça me fait penser à Banjo et Kazooie (geha!). Il y a la composition omniprésente qui part où elle va. Les harmonies font penser à l'enfant qui s'approprie un instrument sans préjugés de l'apprentissage du solfège. Il y a cet exotisme, d'une fusion improbable entre musique de chambre, psychédélisme et boîte à musique. Le disque se laisse apprivoiser oreilles après oreilles. Bandcamp

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